Réalisation : Robin Campillo
Avec : Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz, Félix Maritaud, Médhi Touré Aloïse Sauvage, Simon Bourgade, Catherine Vinatier, Saadia Bentaieb, Ariel Borenstien, Théophile Ray, Simon Guélat, Jean-François Auguste, Coralie Russier
Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean.
L’évocation des luttes contre le sida dans les années 90 par Robin Campillo bouleverse la croisette et nous a laissé en larmes. Un grand film sur la parole politique doublé d’une déchirante histoire d’amitié et d’amour. On tient peut-être déjà la palme.
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Sous ses airs naturalistes, le film est travaillé, en filigrane, par une structure narrative sophistiquée, qui va du général vers le particulier, de la collectivité vers l’individu, seul face à la mort (…) : "120 battements par minute" est l’un des plus beaux films de l’année.
Ce film est une boîte : une utopie et une cellule, une machine qui serait capable d’émotion comme celles de la musique électronique. Il crée là tout un réseau de sens qui n’est jamais métaphorique, mais scénographique : un espace qui cherche à se laisser habiter par des figures qui doivent tout à la vitalité en mouvement des acteurs, et se laisser envahir par des forces extérieures à la limite du surnaturel.
Davantage qu’il est un portrait de groupe ou d’un morceau d’histoire, le film fait la collection de ces gestes pour raconter ce que c’est de trouver un fil à quoi s’accrocher dans les remous d’une période dangereuse, dont on ne peut se sauver qu’à condition de réussir sa vie, fut-elle effroyablement brève. C’est-à-dire, aussi, réussir sa mort.
Cette libre association des énergies constitue le trait le plus immédiatement marquant de "120 battements par minute" : Campillo met en scène l’élaboration de la parole et de l’action d’un groupe militant avec une attention et une empathie qui n’empêchent pas la lucidité, voire l’ironie (toujours bienveillante).
La plupart des militants d'Act Up veulent avoir un "enterrement politique". Et tandis que sont dispersées des cendres dans une ultime action choc, on se dit que "120 battements par minute", malgré quelques regrettables excès ça et là, obéit à la magnifique nécessité de les recueillir.