Réalisation : Vincent Glenn
Avec : Dan Herzberg, Nicolas Le Quang, Julie de Bona
Comédie originale, optimiste et bonne pour le moral, la première fiction du documentariste Vincent Glenn est truffée de caricatures, mais ses partis pris fonctionnent plutôt bien.
Tournée sous la forme d'un faux documentaire, cette comédie sympathique a le mérite de proposer un autre modèle de société.
Imaginez que, en s'appuyant sur les nouvelles technologies, les citoyens aient accès à une information claire sur les entreprises, que les modes de consommation en soient totalement bouleversés, que McDonald’s soit contraint de passer au bio pour sauver les meubles ou encore que Google aille au-devant des Etats pour payer dûment ses impôts…
Il souffle sur ce long-métrage hors-normes, un vent d’idées neuves qui transcendent les clivages traditionnels. Enfin de bonnes nouvelles est peut-être le premier film de "science économique fiction” ! Science fiction ? Pas si sûr... : «Des projets sont en préparation pour que le film de Vincent Glenn passe vite de la fiction à la réalité», écrit ainsi Patrick Viveret, philosophe et altermondialiste, ancien conseiller référendaire à la Cour des Compte.
C’est peu dire que ce Enfin de bonnes nouvelles ne ressemble à rien de connu. Sa gestation est de celles qui irriguent la mythologie du cinéma, le tournage s’étant déroulé sur huit ans. Le film possède d’ailleurs une patine artisanale qui au final sert son propos. Nous avons clairement affaire à un « film fait à la main » échappant aux contraintes commerciales habituelles, mais bénéficiant d’une niaque peu commune. Le projet est d’autant plus cohérent qu’il traite sur le ton de la fable (et du faux documentaire) de sujets économiques on ne peut plus sérieux, dans un monde où la financiarisation de l’économie finit par étouffer toute velléité de progrès social. On ne décrira pas par le menu toutes les conclusions que Glenn tire d’un postulat simple quand il imagine comment un jeune paumé (incarné par lui-même) finit par devenir milliardaire pour avoir compris un peu par hasard comment fonctionnait le système (pervers et détraqué) dans lequel nous nous mouvons. Il y a dans ce film un peu de L’An 01, la joyeuse utopie mise en scène par Jacques Doillon d’après la bande dessinée de Gébé dans les années 70 et qui illustre mieux que tout autre film l’essence de l’esprit de mai. Plus de quarante ans plus tard, le monde tourne toujours de travers, mais les utopies ont pris un coup dans l’aile. Nous ne pouvons donc que nous réjouir de voir Vincent Glenn, qui jusqu’à maintenant n’avait signé que des documentaires (également iconoclastes) arpenter des chemins buissonniers qui nous donnent quelques raisons d’espérer assis dans un fauteuil de cinéma après avoir passé plusieurs nuits debout…