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Funan
Cambodge/France | 2019 | 01h22
Réalisation : Denis Do
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
1975. La survie et le combat de Chou, une jeune mère cambodgienne, durant la révolution Khmère rouge, pour retrouver son fils de quatre ans, arraché aux siens par le régime.
Festival du Film d'animation d'Annecy 2018 : Cristal du long métrage

Denis Do, réalisateur d’origine cambodgienne, raconte la survie et le combat d’une jeune mère, durant la révolution khmère rouge, pour retrouver son fils de 4 ans, arraché aux siens par le régime. Ce premier film d’animation, délicat et poétique, s’est fortement appuyé sur les récits que lui faisait sa propre mère. 
Présenté ces jours-ci en compétition au Festival international du film d’animation d’AnnecyFunan est le premier long métrage d’un jeune cinéaste nommé Denis Do. Il y retrace avec délicatesse et beaucoup d’émotion contenue le combat vital d’une Cambodgienne et de son époux, séparés de leur fils de 4 ans au début de la révolution khmère rouge de 1975. Cette femme, qui survivra avec son enfant à la déportation et aux travaux forcés, et qui s’exilera en France comme tant de ses compatriotes, n’est autre que la mère du réalisateur, né à Paris en 1985.
“J’ai eu de cette période tragique une vision fantasmatique du Cambodge qui tenait du cauchemar.” « Contrairement à beaucoup de Cambodgiens, pour qui évoquer le passé est si douloureux qu’ils en viennent à garder le silence, ma mère m’a raconté très tôt ce qu’elle a vécu, explique-t-il. Elle y revenait sans cesse, en faisant preuve d’un sens quasi graphique de la description ; de sorte qu’avant d’être en mesure de comprendre les réalités historiques, avant même d’être capable de situer le Cambodge sur une carte, j’ai eu de cette période tragique une vision fantasmatique qui tenait du cauchemar. J’imaginais des silhouettes fantomatiques à l’évocation des Khmers rouges, qu’elle appelait  “les hommes en noir”. Si je n’ai parlé que très récemment de cette histoire avec mon grand frère qui, lui aussi, a survécu, elle est le point Godwin auquel mènent immanquablement les conversations que j’ai avec notre mère. »
Aussi est-il logique que Denis Do en ait fait son premier long métrage, dont le projet remonte à ses années de formation et aurait pu prendre la forme d’un roman ou d’une bande dessinée. Sa découverte des techniques d’animation à l’école des Gobelins l’a convaincu d’opter pour le dessin animé, conforté par le fait qu’il n’en existait pas sur l’histoire cambodgienne. Dédié à sa mère et à son frère aîné, Funan, qui sortira au cinéma en mars 2019, se présente comme une fiction. Denis Do, aidé par sa coscénariste Magali Pouzol, y prend d’ailleurs de grandes libertés avec les faits dont il a connaissance, mais s’appuie néanmoins sur une solide base documentaire et un rapport intime à son sujet tissé depuis l’enfance.


Les Khmers rouges, une réalité tangible
« J’avais dix ans en 1995, lorsque mon père m’a emmené au Cambodge pour la première fois, se souvient-il. Mais je n’avais pas la maturité nécessaire pour appréhender ce pays qui m’effrayait un peu ; et puis j’avais du mal à accepter cette origine, qui renvoyait à des images misérabilistes. Avec ma mère et mes frères, on a refait le voyage en 1997. On a alors rencontré des membres de notre famille et, cette fois, ç’a été plus profitable. Au cours de mon adolescence, je me suis intéressé à l’histoire cambodgienne ; j’ai vu les films de Rithy Panh qui m’ont évidemment beaucoup marqué ; j’ai découvert des photos et toutes sortes de documents qui ont chassé les représentations fantasmatiques qu’avaient produites en moi les récits de ma mère. L’histoire du régime khmer rouge est devenue pour moi une réalité tangible, renforcée depuis par notre travail sur Funan. »


Etrange travail, consistant notamment à donner un visage à des individus juste croisés au détour des souvenirs de sa mère. « Nous disposions de photos d’elle, de son mari et de mon frère. Pour les autres, il a fallu imaginer… Il nous a également fallu nous documenter pour savoir comment on s’habillait avant l’arrivée des Khmers rouges. Après, tout le monde est en noir, ce qui pose un problème pour distinguer les personnages à l’image. » Pour les caractériser un tant soit peu, Denis Do et l’auteur graphique Michaël Crouzat ont ainsi joué de certains artifices : coupe de cheveux, grains de beauté, tâches de rousseur… Mais c’est surtout en passant deux mois dans le pays, que les auteurs de Funan ont amassé des éléments documentaires qu’ils ont mis à profit.
Une œuvre cathartique
« Ne serait-ce que la façon dont les gens se tiennent, leur nonchalance que nous voulions reproduire au début du film, dans le Cambodge en paix. Là-bas, la dimension du ciel est très impressionnante, vu que la terre y est très plate. Il faut y être pour en prendre la mesure. Au fil de ce voyage, nous avons rencontré des paysans qui nous ont expliqué la culture du riz. Une femme, qui avait fait partie d’une troupe de danse de propagande, nous a mimé ce qu’elle faisait. En évoquant auprès des uns et des autres l’histoire de ma mère, je les ai amenés à me raconter leur propre histoire. Des souvenirs ont surgi, et ça nous a bouleversés. »
Traversé par cette émotion de part en part, Funan s’avère aussi une œuvre cathartique, par laquelle Denis Do a renoué avec une partie de lui-même qu’il tenait à distance, possiblement travaillé par « la culpabilité de n’avoir pas vécu ce que des gens qui lui sont chers ont enduré ». En accordant une place de choix à la poésie propre au dessin animé dans l’évocation d’une histoire cambodgienne qu’il a désormais intégrée, il renoue avec l’imaginaire qui imprégnait les récits de son enfance. Ceux de sa mère, à qui il a évidemment montré le film. « Elle réagissait vivement chaque fois qu’elle reconnaissait un personnage et s’emportait quand un Khmer rouge apparaissait à l’image, explique-t-il. Mais elle ne parle pas français. » Aussi Denis Do attend-t-il avec impatience une version cambodgienne, pour pouvoir boucler la boucle, en lui restituant pleinement l’histoire qu’elle lui a transmise.




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