Réalisation : Gan Bi
Avec : Feiyang Luo, Lixun Xie, Yongzhong Chen
Ce plan-séquence somnambulique est la plus belle incise poétique que le cinéma ait à nous offrir ces temps-ci (avec "The Assassin" de HHH), un sortilège dont les effets perdurent après la projection, comme si le cinéma mélancolique de Jia Zhangke était infusé par le bonneteau temporel de la fin de "2001 : l’odyssée de l’espace".
C’est avant tout une magnifique méditation sur le temps qui passe et sur ce que peut en faire le cinéma, comment il le tord et le malaxe, et semble toujours trouver de nouvelles manières de le remonter.
Une nature morte, une digression accidentelle, un fragment de discours poétique, une bifurcation intempestive se logent souvent entre les deux extrémités de ce qui aurait dû être une droite et qui se révèle un rébus merveilleux.
Un entrelacs de temporalités et de formes mouvantes, difficilement déchiffrable, et pourtant forme tenue, expressive, dont l’évidente maîtrise n’ignore pas elle non plus le flottement, le tremblement – c’est peut-être ce que le film réalise de plus précieux.
Mouvement fluide, étrange, qui dénote une inspiration évidente, un sens intuitif de la mise en scène, proche de Hou Hsiao-hsien (dont "The Assassin" est à l'affiche), maître déclaré de ce jeune cinéaste très prometteur de 27 ans.