Réalisation : Hamé, Ékoué
Avec : Reda Kateb, Slimane Dazi, Mélanie Laurent
Nas est décidé à se refaire un nom et Le Prestige pourrait bien lui servir de tremplin…
L’équité figurative qui règne dans Les Derniers Parisiens s’étend jusqu’au chien trottinant seul, filmé en travelling, et lègue au cinéma quelques petits personnages inoubliables, tels, sur les deux versants de la légalité, le vendeur de CD et de tee-shirts à l’effigie de Thomas Sankara qui navigue de porte en porte, et Bak le vendeur de baskets qui navigue à vue entre boutique en dur et site Internet.
Il passe dans ce film une poésie âpre, une énergie folle, une charge d'émotion brute. On est chez les cailleras, les escarpes, les tire-laine, dans les bas-fonds d'un quartier électrique : c'est du Francis Carco hip-hop. Surtout, le film a une qualité rare : de la soul. De l'âme.
Avec une écriture aussi précise que triviale, le duo élève ce faux film de gangsters - plein de bruit et de fureur mais dénué d’armes automatiques - au rang de puissante tragédie familiale où perce une infinie mélancolie.
Les Derniers Parisiens aurait pu être un film de rage, de colère. Il est tout le contraire. À la manière de romanciers du XIXème siècle, le duo de réalisateurs semble faire le constat, doux et amer, de la fin d’un monde, de la fin d’une époque.
(...) en choisissant d’observer ce "Mean Streets" faubourien au niveau des joueurs de bonneteau, le film aborde avec élégance, sinon poésie, la question d’une forme de survie citadine contenue jusque dans son titre.
Ce qu'ils montrent, c'est qu'à rebours de tous les discours sur le refus de s'intégrer, les habitants de Paname issus de l'immigration ne sont, certes, ni des anges ni des démons mais à tout le moins de Parigots pur jus.
Du Cassavetes à la francaise, filmé caméra à l'épaule, à hauteur d'humanité, qu'on ira voir pour s'encanailler et dont on ressortira bouleversé.
Un film noir, sur la violence du monde, et pourtant sans crime au sens propre. Sans autre victime que des caïds amateurs, appelés à devenir des laissés-pour-compte.
Reda Kateb et Slimane Dazi incarnent, avec une force intérieure incandescente, ces frangins dont les aspirations sont écrasées par le rouleau compresseur du système...