Réalisation : Emmanuel Gras
Avec : Kabwita Kasongo, Lydie Kasongo
On sent, à chaque instant, le réalisateur se poser des questions morales qui l’honorent : comment filmer Kabwita sans l’humilier ? Comment résister à lui porter secours lorsqu’il se trouve en difficulté ? Comment éviter l’indécence, en somme ? Emmanuel Gras y parvient, à force d’honnêteté et de pudeur. Makala (« charbon » en swahili) est un film remarquable.
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Un film pourvu d’une splendeur formelle telle que celle de Makala pourrait renvoyer aux oubliettes bon nombre de ces fictions d’auteur prisées pour s’accaparer l’esthétique du documentaire. Le troisième long-métrage d’Emmanuel Gras, présenté mercredi 24 mai à la Semaine de la critique est certes un documentaire pur jus, mais pas de ceux qui restent collés au « réel » le nez dans le guidon. Au contraire, la caméra d’Emmanuel Gras, réalisateur qui assure aussi la prise de vues de ses films, ne cesse de transfigurer les situations dont elle témoigne, pour leur conférer un souffle et une flamme qui savent puiser, quand il le faut, à l’imaginaire de la fiction, ou, pour être plus précis, des grandes mythologies humaines.
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Emmanuel Gras fait plus que de documenter une réalité extérieure (...). Puisqu’il est un vrai cinéaste, il sublime cette réalité en révélant sa part d’étrangeté, de grandeur ou même de beauté, et il élève son personnage à hauteur de mythe en faisant résonner la condition humaine en ce seul être, sorte de Sisyphe incarné en un miséreux prolétaire africain.
On a presque la sensation de participer, de transpirer et de s'essouffler avec le personnage. Si la grandeur du cinéma réside dans sa puissance d'incarnation, de dévoilement, de renouvellement du regard, alors on sait que "Makala" est grand dès ses premières minutes.
Scrutant au plus près le labeur d’un travailleur africain, le réalisateur signe un documentaire digne et formellement audacieux.
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Par ces allers-retours entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, Makala embrasse presque d’un trait de plume, la filiation d’un esclave moderne du capitalisme mondialisé aux héros de nos mythes les plus universels.