Réalisation : Jim Jarmusch
Avec : Chris Parker, Leila Gastil, John Lurie
Rétrospective Jim Jarmusch
Permanent Vacation, qui par dandysme se fait un point d'honneur à ne passer que du jazz dans sa bande son (« Up There ln Orbit », un bee bop speedé de Earl Bostic), transpire l'after-punk par tous les pores. Il traverse New York en enfant perdu. En clandestin. En perpétuelle vacance — fier de ne rien faire. Pas d'avenir, pas de plan. Le passé ? Quel passé ? Aloysius Christopher Parker a seize ans. Il marche au présent. Plan-séquences, durées réelles, intensités. Lenteur du pas à pas — quelle est cette prolongation maigrichonne et inattendue de l'Histoire dans laquelle nous marchons ? Marcher dans l'Histoire du pied gauche, il paraît que ça porte bonheur. Il faut trouver le rythme, le balancement. Il y a une musique pour tout, dans le film : une pour rompre (jazz syncopé). Une pour mettre un pied devant l'autre : c'est un gamelan lent — musique pour bouddhiste froid, musique pour camés, musique balinaise ralentie par la main même de Jarmusch pour qu'elle refonde les battements de cœur de son film. Même plus besoin de toucher à la pellicule. Il suffit de laisser Aloysius Christopher Parker dériver. Sa façon d'avancer échappe à la description. Est-ce le monde qui va trop lentement, ou lui qui marche avec nervosité ? Contre le reste du monde, une autre allure.