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Route One/USA
France | 1989 | 04h15
Réalisation : Robert Kramer
Mois du Film Documentaire
Robert Kramer nous présente son documentaire ainsi : "En 1936, c'était la route la plus utilisée dans le monde. En 1989, elle court le long d'immenses autoroutes, et traverse les banlieues, fine bande de macadam qui traverse les vieux rêves du pays. Quand j'ai filmé pendant cinq mois le long de cette route, je n'ai pas eu l'impression de traverser le passé mais plutôt de révéler le présent. À l'ombre des échangeurs, les centres-villes de verre et d'acier se découpaient à l'horizon, comme des décors de studio. Nous étions dans le Présent, affrontant des temps difficiles". Route One/USA nous raconte cette route mythique...

Dans Route One/USA, qu'il tourne entre 1987 et 1988, le cinéaste Robert Kramer rentre chez lui après dix d'absence et, plutôt que de rester à New York et de chercher d'emblée un point de chute, parcourt en quatre de film les quatre mille kilomètres qui séparent Fort Kent dans le Maine de Key West, en Floride, comme s'il voulait ré-apprendre son pays (cette « Route 1 » ouverte en 1926, n'est-ce pas encore et toujours l'axe « New York- Miami » ?), son alter ego de « fiction », et ensemble, avec la poséie de Whitman en tête pour se donner du courage (Song of the Open Road), redécouvrent d'abord un espace presque méconnaissable, un peuple américain fragmenté, divisé, épuisé aussi presque une décennie de mandature Reagan, une Amérique séparée (Indiens/puritains, Blancs/Noirs, pro et antiavortement, patrons et homeless, flics/clandestins, survivants et morts au Vietnam). « La permissivité des années soixante-dix appartient au passé. », dit un militaire de carrière. Passant d'une communauté à une autre, d'une zone à l'autre, d'un prédicateur fondamentaliste à un journaliste activiste, Kramer va au contact des gens, éprouvant dans le mouvement de sa quête le paradoxe d'un peuple présent et absent comme en une représentation de son étiolement tout au long de l'Histoire. Et pourtant : qu'il s'agisse d'une vieille Indienne qui se souvient de son mari, d'un vétéran de la guerre du Vietnam devant le mémorial de Washington, d'un soldat en manœuvre, d'un Marine noir qui se construit une maison comme en son temps Thoreau sa cabane dans la forêt, d'un épicier d'origine portugaise, d'un policier patrouillant dans les ghettos de Bridgeport, d'un patriote qui expose images et insignes d'une vie dans son home ou d'une assistante sociale cubaine, tous ne cessent de réactiver le souvenir d'une Amérique possible, forcément universelle et forcément perdue, à moins qu'il ne s'agisse de la plus belle des hypothèses : « Tous ces coraux font partie du même corps, un seul système digestif », dit le guide des fonds marins de Floride à la toute fin du film (c'est même la dernière phrase) tandis que Doc semble lui aussi trouver, provisoirement sans doute, son havre de paix en un endroit pourtant improbable de Miami, sorte d'Amérique vaudou ou créole entre bayous, palmiers, cargos fantômes. Doc qui avait dit à la caméra de Kramer vouloir cesser d'être un « observateur » pour se fondre à son tour dans une communauté et « rencontrer les gens autrement ».
Et s'il suffisait de croire au peuple américain pour le voir (ré) apparaître, par-delà les haines, les particularismes et les métissages avortés, au bout de la route, quelque part entre mirage et hallucination et réalité politique à portée de main ? Mais cet espoir, est-ce là, comme au principe même de Route One/USA, juste une fiction qui s'insinuer dans le documentaire ?

Bernard BENOLIEL, Jean-Baptiste THORET, ROAD MOVIE, USA (éditions hoëbeke 2011)
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